Activites

NDARO CINEMA. Texte de la situation à Beni

Béni, zone rouge.

PAROLE DU FILM

                        J’ai fait toutes les choses horribles du monde et je crois que Dieu lui-même a peur de moi.  Je ne vous demande pas de me comprendre mais dans ce métier ; je ne sais faire que ça. Pendant toutes ces années, c’est tout ce qu’on m’avait donné comme leçons et le bon sens n’a jamais eu de place… La torture et le recrutement forcé ont fait de moi la personne que je suis aujourd’hui. J’avais un choix très simple, se soumettre ou répondre à l’appel de Dieu avec une balle directe dans la tête. Alors moi aussi, j’ai mis à l’ombre des innocents mais aujourd’hui je dois changer les choses… (Témoignage anonyme d’un ancien enfant soldat)

Beni !

             Une des villes de la république démocratique du Congo. Devenu un spectacle de tueries, un panorama de viols (hein…) et aux yeux du monde, la capitale de la maladie à virus Ebola.

Et nous qui en sommes auteurs inconsciemment, inculte et irresponsable, croyons que les pertes en vies humaines, les dégâts et massacres perpétrés par notre idiotie, sont une réussite ou une évolution dans notre prétendue mission… Mais la vérité est que nous sommes manipulés comme de pillons sur un échiquier. L’éducation pour nous n’est qu’un mot fictif et un mythe pour nos petits…

Nous ne trouvons du plaisir que dans le traumatisme que subissent nos semblables afin de garantir les intérêts d’un individu, d’un groupe armé, d’un pays, ou d’une cause quelconque, moi je ne crois plus à cette maudite cause. Nous le faisons en âme et conscience sous prétexte que le choix ne nous appartient pas.

  • Quelle est la vraie motivation ?
  • Pour quel motif devons-nous continuer à épouvanter nos enfants, nos frères et sœurs ?
  • Est-ce pour la balkanisation ?  Umh!
  • Quel avenir nous voulons offrir à ces orphelins, veufs et veuves qui vivent dans la misère et le dénuement total par notre cruauté et manque d’humanité?

                Ensemble nous pouvons changer ce monde­. Ensemble nous pouvons offrir le meilleur à ces familles que nous avons détruites et à qui nous avons infligé tant de souffrances pendant beaucoup de temps. Rejoignons nos familles aussi tôt avant qu’elles n’oublient notre existence.

Par expérience je vous le dis mes frères, tôt ou tard, la nature finira par nous le faire payer et souvent on prend conscience lorsqu’on est sur le point de crever. Je croyais transformer ce monde, hors la première de chose à faire était de changer ma façon de concevoir la vie, changer son for intérieur. Seul le mal me connaitra après ma mort mais j’en ai déjà assez. Bien que ma vie ne vaut rien, je désire la sacrifier pour ceux qui en ont vraiment besoin.

J’ai péché devant Dieu et devant les hommes car si le cœur est hanté par la violence, il est si difficile de faire le bien quand on baigne dedans. D’après les symptômes, c’est peut être trop tard pour moi néanmoins je ne veux plus être la cause de la souffrance des autres.

Mes frères, j’ai servi avec vous depuis longtemps, et j’ai mis à l’ombre beaucoup d’innocents mais aujourd’hui mon devoir est d’arrêter de détruire.

 

écrit par Josué KABAMBAZI et Arsène L. NDJOLO

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